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Élevages laitiers L’adaptation au réchauffement climatique aura des conséquences économiques

Quelles sont les conséquences de l'adaptation au changement climatique en élevages laitiers ?

Adapter son système au réchauffement climatique entraînera un coût énergétique et économique non négligeable, pour les élevages laitiers. L’extensification peut aussi avoir pour vertu d’atténuer les émissions de méthane. C’est ce qui ressort d’une récente étude de l’Institut de l’élevage menée dans le Grand Ouest.

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Élever des vaches laitières dans un climat plus chaud et plus sec aura des conséquences économiques « que la filière devra prendre en compte », prévient Brendan Godoc, chargé d’études sur l’adaptation des systèmes d’élevage au changement climatique à l’Institut de l’élevage (Idele). Il y aura aussi « un coût énergétique qui n’est pas anodin pour les systèmes plutôt herbagers et économes en intrants ».

L’étude conduite dans le cadre des projets de recherche Climatveg et Fermadapt, impliquant six groupes d’éleveurs laitiers de Bretagne et Pays de la Loire, visait à explorer les conséquences de l’adaptation au changement climatique des différents systèmes. Car « maintenir une production laitière en 2050 dans le Grand Ouest impose de réduire le chargement apparent du système en diminuant les besoins du troupeau ou en augmentant la surface fourragère, et en même temps de diversifier les ressources fourragères », prévient Brendan Godoc.

Les participants devaient construire des trajectoires d’adaptation (sans modifier leurs objectifs de rendements) en utilisant le jeu sérieux Rami fourrager : implanter de la luzerne, grouper les vêlages, cultiver du sorgho, etc. Les impacts du climat futur sur les fourrages étaient simulés via des données climatiques.

Charges de mécanisation en hausse

Les leviers choisis sont variés, mais tous les systèmes font la part belle aux prairies multi-espèces. Certains font le choix de la diversification des ressources fourragères avec des mélanges céréales – protéagineux immatures, du ray-grass hybride – trèfle violet (RGH-TV), du sorgho ou de la luzerne. Tous conservent un peu de maïs. La part de SFP/SAU a tendance à augmenter et le chargement à l’hectare diminue partout.

Conséquence de tout cela, les charges de mécanisation augmentent avec une hausse des consommations de carburant de 3 % à 17 % selon les systèmes et du temps de tracteur qui augmente, de 30 heures minimum jusqu’à 110 heures. « La diversification du système fourrager implique davantage d’interventions : plus de fauche sur la luzerne, sur le RGH-TV, implantation de dérobées, prairies sous couvert de méteil etc. », analyse l’ingénieur agro et économiste.

Le coût du système d’alimentation progresse lui aussi, dans quatre systèmes sur six (de + 4 % à + 20 %). C’est directement lié à la mécanisation. Les jours de pâturage perdus en été́ ne sont pas toujours compensés par du pâturage d’automne ou d’hiver. Certains groupes parviennent toutefois à réduire leur poste d’aliments achetés en optimisant l’achat de concentré, sous réserve de fourrage de qualité et de performances équivalentes. Ces situations ne sont toutefois « pas forcément représentatives de la réalité », commente Brendan Godoc.

Réduction d’émissions de gaz à effet de serre

D’autres postes bougent : achat de paille, baisse du revenu des grandes cultures, moins de vaches de réforme à vendre, etc. « Sur l’économique, on voit que l’on a une vigilance qui est haute », commente Brendan Godoc.

Le poste approvisionnement des surfaces (l’achat de semences en l’occurrence) progresse par ailleurs significativement

On pourra se consoler en constatant que ces adaptations permettent de réduire les émissions de méthane dans presque tous les élevages. Cette diminution est directement liée à l’optimisation du troupeau : réduction de l’âge au premier vêlage, du nombre de génisses. La baisse de la fertilisation et du recours aux concentrés contribue aussi à réduire les émissions de GES.

Pour adapter un système laitier à un climat plus chaud et plus sec, les élevages peuvent donc jouer sur les ressources et notamment optimiser la surface fourragère produite, résume Brendan Godoc. Cela passe par une amélioration du pâturage, une diminution du gaspillage ou une meilleure conservation des stocks, par exemple.

L’étude a été conduite uniquement sur l’atelier lait. Si elle avait porté sur l’ensemble de l’exploitation, « les constats économiques auraient été sans doute plus marqués », prévient Brendan Godoc. Il y aurait eu en effet moins de ventes de céréales et de viande, et plus d’achats de paille par exemple.

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